Le famadihana (prononcer « famadine ») ou retournement des morts est une ancienne tradition malgache qui subsiste tant bien que mal tout en cohabitant avec les religions chrétiennes bien implantées ici depuis la colonisation. Le mélange paraît bien surprenant et je suis restée un peu perplexe au début, mais après réflexion cela semble être une bonne manière de conserver certaines traditions tout en s’adaptant aux nouvelles idées apportées par les Français. Et le famadihana est une belle tradition dans le sens où elle cherche à rassembler toute la famille autour d’une cérémonie et surtout d’une grande fête. Un peu comme Noël qui est pour nous l’occasion de réunir les familles pour partager un moment ensemble. Ici évidemment la famille est vue dans un sens bien plus large C’est le rassemblement d’une dizaine de lignées dont chacune comprend plusieurs familles auxquelles on ajoute les habitants du villages qui sont invités à la fête. Autant dire beaucoup de monde ! Certains se connaissent mais la plupart pas du tout, alors c’est l’occasion de faire des nouvelles rencontres, de créer des nouveaux réseaux de solidarité. C’est dans ce sens là que je trouve la tradition très belle !
Quant au déroulement de la fête il varie beaucoup selon les régions. J’ai eu le privilège de participer au famadihana d’une partie de la famille de Iando, c’était d’ailleurs la raison de notre voyage ! Cela vous paraîtra sûrement bien étrange que je me joigne à cette fête simplement en tant qu’amie d’un membre de la famille, mais les gens ne raisonnent pas comme ça ici. Peu importe le lien familial, ils considèrent comme un grand honneur que des gens viennent de loin pour prendre part à leur fête. Cela n’empêche pas que je me sentais un peu gênée au début mais on m’a vite fait comprendre que ma présence était un honneur pour eux. Je me serais bien passée de tout ça et aurais préféré rester une invitée parmi d’autres mais quand on est une vazaha au beau milieu de la brousse, cela semble difficile ! J’ai donc essayé de les honorer à mon tour en leur montrant le plaisir que j’avais à être avec eux.
J’espère que tout ceci vous semble à peu près compréhensible, mais venons en aux faits : la fête elle-même a duré trois jours ! Le premier jour était une sorte de préparation. Les invités qui étaient déjà là ont aidé à aménager des foyers pour pouvoir faire à manger pour tout le monde pendant que d’autres se rendaient déjà au tombeau familial pour lui donner une allure de fête : au programme, débroussaillement des alentours et nouvelle couche de peinture fraîche. Le tout dans une ambiance festive déjà bien arrosée de rhum artisanal pour certains…
Le deuxième jour, les derniers invités sont arrivés et se sont réunis pour manger. Toute une organisation pour cuire une quantité impressionnante de riz et de viande de zébu.
Après avoir fait manger tout le monde, un représentant de chaque lignée a été appeler pour rendre hommage à la famille qui organise ce famadihana, l’occasion également de beaucoup de discours.
Et ensuite ? eh bien tout le monde recommence à manger ! Puis les gens s’entassent comme ils peuvent dans les maisons des environs pour la nuit.
Finalement, le troisième jour a lieu la cérémonie elle-même. Tous les invités forment un grand cortège accompagné de groupes de musique traditionnelle pour se rendre jusqu’au tombeau. Après quelques discours, la famille proche ouvre le tombeau et sort cérémonieusement tous les corps emballés dans des grands draps appelés lamba mena. Le but est d’honorer les ancêtres en leur donnant de « nouveaux habits » (c’est-à-dire en rajoutant de nouveaux lamba mena par-dessus les anciens) et en les faisant participer à la fête : on leur offre un peu de rhum et l’on danse en portant les corps.
A la tombée de la nuit, on replace les corps dans le tombeau et on referme ce dernier jusqu’au prochain famadihana, dans 3, 5 voire 13 ans.
N.B. J’ai eu beaucoup de peine à écrire cet article et j’espère n’avoir choqué personne en racontant la cérémonie à laquelle j’ai assisté. Je pense qu’il ne faut pas s’arrêter aux faits eux-mêmes mais simplement voir cela comme une manière de rendre hommage aux personnes qui nous ont précédés et surtout de réunir toute une famille afin de resserrer les liens de solidarité si importants pour ces gens qui vivent dans des conditions de vie très rudes.
mardi 25 août 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire