mardi 25 août 2009

Antsirabe

Après une semaine loin de la civilisation, nous voici de retour à notre point de départ. Antsirabe, jolie petite ville, tranquille, réputée pour ces pousse-pousse et son eau de source qui ressemble à l’eau de Vichy !
Mais avant d’y arriver j’expérimente les aléas des trajets en taxi-brousse : première montée, le minibus semble surchauffer et peine à arriver au sommet. Premier arrêt, le chauffeur sort ses pinces et rajoute un peu d’huile au moteur. Un peu plus tard, deuxième arrêt, le chauffeur disparaît sous le bus pour y trafiquer je ne sais quoi… Finalement, troisième arrêt, c’est la panne sèche à une quinzaine de kilomètre d’Antsirabe. Tout le monde s’arme de patience, le chauffeur doit emprunter le portable d’un passager pour téléphoner car le sien n’a plus de crédit… et on attend le prochain taxi-brousse de la même compagnie en provenance d’Antsirabe qui nous amène 5 litres d’essence pour tenir jusqu’à notre destination! Eh oui, le taxi-brousse c’est bien pratique mais mieux vaut ne pas être pressé ! Enfin l’essentiel est que nous soyons bien arrivé en fin de compte !
Nous disons au revoir à Bernard (l’oncle de Iando) qui retourne dans son village pas très loin d’Antsirabe. Quant à nous, nous nous offrons le luxe d’un repas au restaurant et d’une nuit dans une chambre d’hôte avec « rano mafana » (eau chaude !). Le lendemain, un petit tour de la ville histoire de visiter un peu et retour à Tana.
J’avoue que je retrouve quand même avec un certain plaisir le « luxe » de ma chambre ici même si le programme lessive qui m’attend n’est pas de tout repos !

Tsarazaza

Le jour suivant, nous reprenons la route. 3h de marche nous séparent du village où vit une partie de la famille proche de Iando et de son oncle. Arrivée à Tsarazaza, je fais donc la connaissance d’une tante de Iando et de sa famille, de son grand-père maternel et d’autres membre de la famille dont j’avoue ne pas avoir très bien compris les liens de parentés… C’est souvent assez compliqué ! Une fois de plus, nous sommes accueillis avec tous les honneurs. Dans chaque maison que nous visitons, on s’empresse de nous préparer à manger quelle que soit l’heure de la journée : du riz, du manioc, des patates douces… Impossible de refuser car c’est leur manière de nous souhaiter la bienvenue ! Nous passons donc trois jours à manger presque chaque repas de manière fractionnée dans 2 ou 3 maisons. Avec le record de 3 petits déjeuner, un dîner, un goûter et deux soupers en une journée ! Heureusement les gens ne sont pas offensés que l’on ne finissent pas nos assiettes. Souvent ils savent très bien que nous en sommes à notre troisième repas de suite mais c’est un honneur pour eux de nous offrir à manger. Entre les repas, je découvre la vie du village : piler le riz, préparer la peau de zébu, parcourir les champs, se rendre au marché dans le village voisin, se laver à la rivière, jouer avec les enfants. Trois jours paisibles faits de rencontres joyeuses et des découvertes d’une autre façon de vivre.





Le troisième jour nous reprenons la marche pour seulement 2h (mais quand même 15 km !) afin de rejoindre la ville la plus proche : Fandriana (prononcer fandjine). Là encore nous sommes accueilli par une partie de la famille pour manger (évidemment !) et passer la nuit. Cela nous permet de partir de bonne heure le lendemain pour reprendre un taxi-brousse pour Antsirabe.

Famadihana

Le famadihana (prononcer « famadine ») ou retournement des morts est une ancienne tradition malgache qui subsiste tant bien que mal tout en cohabitant avec les religions chrétiennes bien implantées ici depuis la colonisation. Le mélange paraît bien surprenant et je suis restée un peu perplexe au début, mais après réflexion cela semble être une bonne manière de conserver certaines traditions tout en s’adaptant aux nouvelles idées apportées par les Français. Et le famadihana est une belle tradition dans le sens où elle cherche à rassembler toute la famille autour d’une cérémonie et surtout d’une grande fête. Un peu comme Noël qui est pour nous l’occasion de réunir les familles pour partager un moment ensemble. Ici évidemment la famille est vue dans un sens bien plus large C’est le rassemblement d’une dizaine de lignées dont chacune comprend plusieurs familles auxquelles on ajoute les habitants du villages qui sont invités à la fête. Autant dire beaucoup de monde ! Certains se connaissent mais la plupart pas du tout, alors c’est l’occasion de faire des nouvelles rencontres, de créer des nouveaux réseaux de solidarité. C’est dans ce sens là que je trouve la tradition très belle !
Quant au déroulement de la fête il varie beaucoup selon les régions. J’ai eu le privilège de participer au famadihana d’une partie de la famille de Iando, c’était d’ailleurs la raison de notre voyage ! Cela vous paraîtra sûrement bien étrange que je me joigne à cette fête simplement en tant qu’amie d’un membre de la famille, mais les gens ne raisonnent pas comme ça ici. Peu importe le lien familial, ils considèrent comme un grand honneur que des gens viennent de loin pour prendre part à leur fête. Cela n’empêche pas que je me sentais un peu gênée au début mais on m’a vite fait comprendre que ma présence était un honneur pour eux. Je me serais bien passée de tout ça et aurais préféré rester une invitée parmi d’autres mais quand on est une vazaha au beau milieu de la brousse, cela semble difficile ! J’ai donc essayé de les honorer à mon tour en leur montrant le plaisir que j’avais à être avec eux.
J’espère que tout ceci vous semble à peu près compréhensible, mais venons en aux faits : la fête elle-même a duré trois jours ! Le premier jour était une sorte de préparation. Les invités qui étaient déjà là ont aidé à aménager des foyers pour pouvoir faire à manger pour tout le monde pendant que d’autres se rendaient déjà au tombeau familial pour lui donner une allure de fête : au programme, débroussaillement des alentours et nouvelle couche de peinture fraîche. Le tout dans une ambiance festive déjà bien arrosée de rhum artisanal pour certains…



Le deuxième jour, les derniers invités sont arrivés et se sont réunis pour manger. Toute une organisation pour cuire une quantité impressionnante de riz et de viande de zébu.





Après avoir fait manger tout le monde, un représentant de chaque lignée a été appeler pour rendre hommage à la famille qui organise ce famadihana, l’occasion également de beaucoup de discours.



Et ensuite ? eh bien tout le monde recommence à manger ! Puis les gens s’entassent comme ils peuvent dans les maisons des environs pour la nuit.
Finalement, le troisième jour a lieu la cérémonie elle-même. Tous les invités forment un grand cortège accompagné de groupes de musique traditionnelle pour se rendre jusqu’au tombeau. Après quelques discours, la famille proche ouvre le tombeau et sort cérémonieusement tous les corps emballés dans des grands draps appelés lamba mena. Le but est d’honorer les ancêtres en leur donnant de « nouveaux habits » (c’est-à-dire en rajoutant de nouveaux lamba mena par-dessus les anciens) et en les faisant participer à la fête : on leur offre un peu de rhum et l’on danse en portant les corps.





A la tombée de la nuit, on replace les corps dans le tombeau et on referme ce dernier jusqu’au prochain famadihana, dans 3, 5 voire 13 ans.

N.B. J’ai eu beaucoup de peine à écrire cet article et j’espère n’avoir choqué personne en racontant la cérémonie à laquelle j’ai assisté. Je pense qu’il ne faut pas s’arrêter aux faits eux-mêmes mais simplement voir cela comme une manière de rendre hommage aux personnes qui nous ont précédés et surtout de réunir toute une famille afin de resserrer les liens de solidarité si importants pour ces gens qui vivent dans des conditions de vie très rudes.

jeudi 20 août 2009

Expédition en brousse

4h du matin, je suis prête, sac au dos pour partir à l’aventure. Un de mes amis, Iando, passe me prendre, direction la gare routière. Après plus d’une heure d’attente, le taxi brousse a enfin fait le plein de passagers et peut donc partir. Après 3h de route, nous arrivons à Antsirabe, où nous sommes assailli par les chauffeurs de pousse-pousse qui veulent tous nous emmener en ville.



Traversée rapide de la ville et pause pour le petit-déjeuner, nous attendons l’oncle de Iando qui nous accompagne pour la suite du voyage. Vers 10h, nous sommes enfin réunis et prenons un deuxième taxi-brousse qui nous mène à un petit village, départ de notre expédition. Une bonne assiette de riz et nous voilà partis, un bâton de canne à sucre à la main pour nous donner de l’énergie.
4h du matin, je suis prête, sac au dos pour partir à l’aventure. Un de mes amis, Iando, passe me prendre, direction la gare routière. Après plus d’une heure d’attente, le taxi brousse a enfin fait le plein de passagers et peut donc partir. Après 3h de route, nous arrivons à Antsirabe, où nous sommes assailli par les chauffeurs de pousse-pousse qui veulent tous nous emmener en ville.



Et il en faut car nous avons devant nous 5h de marche dans les montagnes, c’est-à-dire beaucoup de montées, des sentiers étroits et quelques moments de répis dans les immenses plaines de nous traversons.





Je peine à suivre le rythme (il faut dire que nous faisons en tout cas du 6 ou 7 km/h !) et j’échange rapidement mon sac avec Bernard, l’oncle de Iando, ouf, c’est plus léger ! Courageusement nous poursuivons notre route, pratiquement sans pause pendant 5h… En chemin nous nous faisons rattraper par une femme et son fils qui eux font l’aller-retour en une journée ! Eh oui, 10h de marche en une journée et cela toutes les semaines pour se rendre au marché le plus proche de leur maison ! Cela force le respect… Nous continuons notre route ensemble, je ne comprends pas grand chose des conversations en dialecte local mais la bonne humeur est au rendez-vous et malgré la fatigue, tout le monde rit de bon cœur. Vers 18h alors que la nuit tombe, nous arrivons enfin à l’endroit où nous allons passer la nuit. Ouf, bien contente d’être arrivée ! Accueil chaleureux et salutations respectueuses. Les enfants ont peur de moi (probablement la première vazaha qu’ils voient de leur vie !) mais quelques biscuits finissent par les apprivoiser !
Nous attendons l’arrivée d’autres invités à la lueur d’une petite lampe à huile puis on nous sert le souper : riz rouge en quantité impressionnante et poulet. Une demi assiette me suffit amplement, mais les gens autour de moi se resservent de riz ! Question d’habitude… Comme le veulent les règles d’hospitalité ici, nos hôtes nous laissent leurs lits pour dormir par terre. Je suis un peu gênée mais c’est la tradition… Nous nous couchons donc, pour une bonne nuit de repos malgré la visite assez désagréable d’une bonne quantité de puces !
Voilà un petit avant-goût de mes 10 jours dans la brousse, la suite demain, c’est promis !

lundi 10 août 2009

Excursion à Ampefy

3h30 du matin, le réveil sonne après trois petites heures de sommeil, c’est un peu dur, mais tout le monde s’active. On réchauffe le petit déjeuner (des grains de maïs cuits avec un peu d’eau et du sucre), on range toutes les affaires, on fait sa toilette et à 5h, tout le monde s’entasse dans un bus. Nous sommes 35 plus de chauffeur est le bus a environ 25 places mais c’est normal, pas de problème, c’est même assez « luxe » ! A 5 sur 4 places, les petits sur les genoux des grands et le tour est joué ! Et c’est parti pour 3h de route jusqu’à Ampefy.
Premier arrêt pour voir les chutes de la Lily. Nous sommes dans une région anciennement volcanique et les paysages sont très beaux ! Longue séance photo devant les chutes pendant que les habitants du village nous vendent des pierres volcaniques sculptées.

Deuxième arrêt pour voir des geysers. Tout le monde est très impressionné ! et pour le plus grand bonheur des enfants il y a un petit bassin et une chute d’eau dans lesquels on peut se baigner ! Et voilà 25 enfants qui sourient jusqu’aux oreilles !





Nous nous installons ensuite à l’ombre pour manger. Il faut dire qu’il fait très chaud ici ! Par rapport à Tana. Ça fait du bien de prendre un peu le soleil. Mais ensuite il est déjà temps de repartir… 3h de route nous attendent encore (sans compter les embouteillages à Tana) et il s’agit de rentrer avant la nuit ! Il y a des l’animation dans le bus, les enfants sont ravis de leur sortie et tout excité parce qu’à partir de demain ils sont en vacances.

Spectacle au Palais des Sports et de la Culture

Voilà, cette fois tout le monde est prêt pour le spectacle. Les enfants ont préparé un sketch qui met en scène avec beaucoup d’humour un enfant sourd intégré dans une école classique. A entendre les rires autour de nous, le public a beaucoup apprécié ! Quant aux éducateurs, ils ont présenté deux danses que je trouve très belles. Malheureusement, leur tour était tout à la fin du spectacle et une bonne partie du public était déjà partie… Il faut dire que l’ensemble du spectacle a duré plus de 3h et quand la nuit commence à tomber (vers 17h30 ici !) les gens rentrent chez eux…
Pour nous, ce n’était pas encore fini. A la fin du spectacle nous avons attendu qu’un bus vienne nous chercher pour nous ramener au centre. Petit problème : le bus ne venait pas et le chauffeur était inatteignable ! Pour finir nous avons dû demandé à un autre chauffeur de venir de dernière minute… Mais tout le monde a été très patient, quelques petits chocolats suisses ont fait le bonheur des enfants et des plus grands pendant l’attente. Enfin de retour au centre, c’est toute une organisation : il faut préparer le souper et aménagé les salles de classe car tout le monde dort ici ! Eh oui, il est trop tard pour rentrer à la maison et le lendemain nous partons de bonne heure pour une excursion !

Retour au centre

Je profite de la dernière semaine d’ouverture du centre Tanana Mirana pour passer du temps avec les enfants et les éducateurs. C’est un grand plaisir de revoir tout le monde et de partager un peu de leur quotidien. L’école est finie depuis quelques semaines déjà mais les enfants viennent encore au centre pour faire différentes activités. La semaine passée, je n’étais pas là mais tout le monde a mis la main à la pâte pour recouvrir une partie de la cour de gazon. Ici la façon de planter du gazon est assez originale : il s’agit d’aller dans les rizières, de couper des mottes de terre avec des l’herbe et de les transporter (dans des grands paniers sur la tête !) jusqu’au centre pour recouvrir la cour. Travail bien fatigant mais les enfants étaient très fiers de me montrer le résultat. La deuxième moitié de la cour sera pour l’année prochaine !
Cette semaine, au programme, théâtre et danse. En effet, jeudi a lieu un spectacle donné par les enfants de plusieurs écoles dont les sourds. Cela répète dur donc depuis le début de la semaine.